Retour à la case départ
Etant courageux mais pas trop, on joue encore une fois la carte du bus pour quitter Landmannalaugar et échapper surtout à la quinzaine de gués qu’il faut franchir pour retrouver la civilisation. Malgré ses grandes et grosses roues, le bus peine à gravir les pentes et à franchir les rivières. Et même si je ne suis pas totalement rassurée, je suis bien contente d’être assise sur un siège plutôt que sur une selle !
On nous dépose à Skaftafell, îlot de verdure au milieu du sable gris et on en profite pour s’approcher au plus près du glacier et jeter un oeil à la fameuse cascade basaltique. Miha en profite pour tout m’expliquer sur la solidification de l’eau et de la pierre et ça n’a pas l’air simple ! L’endroit, bien que charmant, est un peu trop touristique à notre gout et on ne s’y attarde pas beaucoup.
Il nous avait pourtant semblé que le vent ne serait pas forcément contre nous mais il s’avère une fois de plus qu’il n’est pas avec non plus ! On pédale tout de même vers l’est en faisant quelques pauses et détours pour admirer de plus près l’immense glacier que nous longeons. La route suit la côte et s’étire dans le sable noir. A l’approche de Jókulsarlon, la température baisse soudainement et sachant qu’elle n’était déjà pas bien élevée, il se met à faire carrément froid, ce qui s’accorde parfaitement au paysage ! Ici, le glacier atteint la mer et forme un lac dans lequel flottent des glaçons plus ou moins gros qui se mêlent ensuite aux vagues et s’échouent parfois sur la plage sombre. Malgré le froid glacial, on reste longtemps à regarder leurs formes et leurs couleurs, à attendre le moment où l’un se brise ou se meut dans un grand fracas, à s’interroger sur l’épaisseur de la couche de graisse des phoques qui batifolent dans l’eau… Puis on pose notre tente tout à côté pour pouvoir les revoir au soleil levant et on fait cuire nos pâtes dans l’eau du glacier, ce qui les rend encore plus gouteuses ! On nous dira quelques jours après que le site avait été fermé à cause du volcan menaçant. Heureusement que nous y sommes arrivés à temps !
Les jours passent et il est temps de regagner l’ouest, contrairement au vent qui a décidé de souffler désormais vers l’est…! On n’avance pas bien vite sur cette grande route 1 mais on n’est pas encore lassé des paysages et pédale vaillamment jusqu’au ferry qui nous mène sur les îles Vestmann.
De la pluie est annoncée pour le lendemain et on cherche toutes les activités qu’on pourra y faire. Finalement, il ne pleut pas mais cette île nous plait bien et on reste avec plaisir observer les macareux sur les falaises et ramasser des pierres volcaniques rouges encore tièdes. Au camping où nous dormons dans un impressionnant cratère de volcan, une femme nous raconte qu’elle habitait là, en 1973, lorsqu’une éruption a eu lieu en pleine nuit, anéantissant une bonne partie de l’île, alors on s’empresse d’aller au musée local pour tout savoir à ce sujet. Après l’arrêt à celui de l’Ejyafjallajökull, on commence à devenir incollables sur les volcans ! Manquerait plus que celui qui menace s’affole pour de bon et on saurait vraiment tout !
Le temps commence à presser et même si on aurait volontiers passé une nuit de plus sur place, l’avion risque de ne pas nous attendre et il reste une bonne centaine de kilomètres à parcourir jusqu’à l’aéroport. C’est à ce moment là qu’il se met à pleuvoir… Une pluie pas bien méchante, plutôt une bruine même, mais qui s’avère très vite éprouvante lorsque le vent de face nous l’envoie inlassablement dans la figure…
Se pose alors la question fatale : pourquoi pédalons-nous ?! Si ce n’était que pour se déplacer, on pourrait le faire en bus. Compte tenu de l’épaisseur des nuages, inutile d’envisager pouvoir apprécier le paysage. Se prouver qu’on peut le faire, se dépasser, on l’a assez fait ! Puisque c’est à l’aéroport qu’on se rend et que les vacances s’y achèvent, pas moyen de se motiver en évoquant une réjouissante destination… On en conclut qu’aucune raison valable ne justifierait de pédaler sous la pluie alors on pose la tente là où on se trouve et on attend le passage du bus le lendemain matin !
Comme il serait un peu triste d’achever notre séjour pourtant globalement ensoleillé par une soirée sous la tente humide après une journée en pantalon de kway et chaussettes mouillées, on passe une bonne partie de notre dernier jour à tremper dans les eaux d’un bleu laiteux du Blue Lagoon, se disant que ces eaux-là, au moins, elles sont chaudes ! Et puis parce que même si on a voyagé à contre courant et pédalé à contre vent, on est quand même des touristes…!
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Anonyme
Salut Jeanne,
Je viens de suivre vos aventures en Islande et votre périple me rappelle les nôtres il y a deux et quatre ans, mais sans les vélos. Des paysages magnifiques, le plaisir de se sentir seul dans ces vastes endroits et les conditions climatiques qui ajoutent un brin de mystère…..
J'aimerais découvrir un jour les fjords de l'ouest à vélo!
A bientôt
Agathe.