Écosse

Haggis, neeps and girolles !


Après le déluge qui nous avait fait céder aux sirènes du B&B, il fait presque beau, ce qui signifie en langue écossaise qu’il y a moins de 3 averses par jour et que les températures peuvent occasionnellement dépasser les 15°C ! L’été serait le plus pourri depuis 1906 en terme d’ensoleillement. Au moins, on n’est pas embêtés par les coups de soleil !
 
De Mallaig, on arrive sur l’île de Skye où on retrouve Marcus et Merit qu’on avait déjà croisés plusieurs fois. On longe la côte plus ou moins vallonnée avec le vent dans le dos pour arriver jusqu’à Portree où on pose notre tente dans le parc girolleux de la ville. La ville et son port sont touristiques mais charmants et on y expérimente les incontournables écossais : le pub, le fish & chips et le bagpipe band. Et même le tour en bateau pour observer la faune sauvage.
 
 Puisque les îles nous plaisent, on décide d’en explorer d’autres : les Hébrides extérieures. Contrairement au mauvais, le beau temps ne dure jamais et on se réfugie dans le café du port en attendant le ferry. Là, on partage notre table avec un couple de randonneurs israéliens qui nous recommandent chaudement de venir les voir à Jerusalem. Une future destination ? 
Le ferry nous dépose au soleil couchant sur North Uist et on y dort sur le terrain de foot de Lochmaddy avec nos comparses allemands qu’ont fait la traversée avec nous.
 
 Au matin, le vent souffle si fort qu’on se croirait en Islande ! On décide tout de même de faire un tour au nord de l’île, magnifique sous le ciel enfin dégagé. On pédale au milieu des tourbières et on nous apprend que la tourbe sert encore à chauffer mais que l’été a été si humide qu’elle n’est  pas prête de sécher ! 

 South Harris nous accueille avec ses plages de sable blanc et son eau turquoise. Un fois de plus, il ne manque qu’un rayon de soleil ! Pour autant, Miha, téméraire, ne rechigne pas à se tremper dans les vagues en guise de douche ! On installe notre tente sur une langue de sable que la marée recouvre jusqu’à s’approcher à quelques mètres à peine de notre campement !

La route jusqu’à Tarbert est aussi jolie que vallonnée et les mollets bossent dur… Comme souvent, elle n’est qu’à une seule voie avec des « passing places » pour se croiser et les automobilistes attendent sagement derrière nous avant de nous doubler, malgré notre lenteur en montée… Ici comme ailleurs, les écossais sont très respectueux des cyclistes et on se sent en sécurité sur les  routes du pays.
En allant vers le nord, l’île se désertifie et on s’adresse à la seule personne croisée depuis des kilomètres pour trouver de l’eau. Il faut dire qu’en Écosse, si les cimetières sont aussi bien tondus que les jardins, ils ne sont pas fleuris et ne sont donc pas pourvus de point d’eau, contrairement à tous ceux que j’avais croisés à travers l’Europe ! Bref… 
La personne en question est Martin Anderson qui va nourrir ses poules et qui a bien envie de discuter. Il nous mène dans une petite maison, faite de bric et de broc, qu’il finit par nous proposer pour la nuit. Il y a vécu quelques années mais elle peut être à nous pour la nuit, avec son odeur de tourbe brûlée et sa carabine rangée dans le placard de la chambre ! Le temps de s’installer, que notre hôte vient déjà nous rendre visite avec une flasque de whisky à tester et tout un tas d’histoires à nous raconter, qui ont toutes pour point commun l’idée qu’il y a beaucoup trop de monde sur son île !
 

Au matin, la pluie frappe encore sur la tôle du toit et il vient nous apporter des oeufs tout frais de ses poules, deux pour Miha, parce que c’est un homme et un pour moi ! On se promet de lui envoyer une bouteille de mirabelle à notre retour et on reprend la route de Stornoway, où le ferry nous mène jusqu’à la terre ferme à Ullapool. 

On affronte ensuite des sacrées pentes pour rejoindre Inverness mais on commence avoir l’habitude ! On affronte aussi une fois de plus les nuages de midges qui nous dévorent dès qu’on s’arrête. Pour nous consoler, on trouve toujours framboises, myrtilles, cerises et surtout des quantités impressionnantes de girolles qui font nos repas du soir. D’ailleurs, Miha voudrait aller au restaurant manger du haggis depuis un moment et il commence à en avoir marre de ces champignons quotidiens. Marcus et Merit, qu’on retrouve encore à Inverness, sont par contre très contents de les partager avec nous. La ville est mignonne alors on y traine un peu le temps de décider ce qu’on va faire des quelques jours qu’il nous reste.

L’office du tourisme nous dit que la route qui longe le Loch Ness est à peu près plate mais que la pluie est prévue pour le lendemain. On tente quand même le coup d’atteindre Fort William, à une centaine de kilomètres, avant la pluie, parce que le ciel est bleu et aussi parce qu’on espère secrètement apercevoir le monstre… En réalité, on voit surtout les montagnes russes de la route soit disant plate. On attend même un looping mais ce ne sont que montées et descentes jusqu’à un col qu’on atteint à la tombée de la nuit. Les paysages montagneux sont splendides mais on maudit le type de l’office du tourisme et ses informations foireuses. 
 
On plante donc notre tente de nuit et on la plie dès le petit matin pour arriver à destination avant la pluie en longeant le Canal Calédonien. Là encore, le type était peu fiable puisque le temps n’a jamais été aussi ensoleillé, un comble pour Fort William qui détient le record national de précipitation, et c’est pas peu dire…! J’y achète d’ailleurs un nouveau pantalon de kway en souvenir d’Écosse !
 De là, on prend le train jusqu’à Rannoch. La minuscule gare est le seul lieu de civilisation à plus de 50 kilomètres à la ronde. D’ailleurs, la route qui y mène est un cul de sac. On supposait qu’on y trouverait de l’eau mais celle qui sort des robinets est marron, colorée par la tourbe qu’elle traverse, et n’est pas potable. On frappe donc à la seule maison qui semble habitée pour leur acheter une bouteille de survie et on prend la route au milieu d’un désert qui nous rappelle de l’Islande. On campe au bord d’un lac dans un silence et une solitude absolue. Et si on restait là ?! 
 
À contre cœur, on quitte au matin ce petit paradis pour pédaler jusqu’à Pitlochry, où on goute enfin au haggis – sans conteste bien plus comestible que le requin faisandé – et on visite une distillerie de whisky.
Le temps nous est compté désormais et on prend le train jusqu’à Édimbourg où Mark et sa femme nous accueillent. Ils sont si chaleureux qu’on se croirait chez nous et on termine notre séjour définitivement séduits par les Écossais. Séduits aussi par le Fringe Festival d’Édimbourg, le plus grand festival du monde de musique, théâtre, danse, magie… qui rend la ville incroyablement animée à toute heure du jour ou de la nuit. Et qui ne fait qu’ajouter au regret de voir notre séjour outre Manche achevé…
 

2 Comments

  • Geneviève

    Chouette trajet humide ! Décidément, il se confirme que tu es bel et bien waterproof ("waterprof" me suggère Quentin qui lit par dessus mon épaule) !
    En tout cas, j'aime toujours voyager en te lisant !