Carnet de route

Epilogue

Voilà quelques mois que nous sommes rentrés à Nancy et nous avons retrouvé notre vie d’avant. Même maison, même boulot, même rythme, mêmes amis, mêmes activités… De l’extérieur, on pourrait croire que cette parenthèse enchantée est bien fermée. Et pourtant il ne se passe pas un jour sans que nous regardions les photos des couchers de soleil norvégiens, sans que nous pensions avec nostalgie à la douceur des nuits en shelter, sans que nous nous demandions où nous mèneront nos vélos la prochaine fois… Et surtout sans que nous réfléchissions à ce que nous avons ramené au plus profond de nous de ce grand voyage.

Assez rapidement, on s’est rendu compte de tous ces petits plaisirs simples qui nous manquaient : discuter le soir dans le noir avant de s’endormir, faire un gros câlin tous ensemble au réveil, regarder les filles jouer avec leurs amis imaginaires, laisser s’éterniser la pause pique-nique, gouter un plat qu’on ne connait pas, faire une belle rencontre impromptue, se réveiller chaque jour dans un nouvel endroit… Toutes ces choses qui donnent leur saveur au voyage et compensent largement les petits tracas qu’il faut parfois surmonter.

On nous a souvent considérés comme dingues, de partir avec des enfants si jeunes, et on nous a pas mal demandé comment on arrivait à gérer les filles, le vélo, le camping, la fatigue, la cuisine, les lessives, la pluie, les imprévus et le reste. Comme si la vie sur les routes, c’était le quotidien en beaucoup plus compliqué ! En réalité, après quelques jours à peine de retour à la vie d’avant, on a eu envie de repartir, de laisser sur place toutes les contraintes de l’autre vie et de reprendre la route l’esprit léger, préoccupés seulement de combler nos besoins vitaux et enthousiasmés de ne jamais savoir de quoi le lendemain serait fait. Parce qu’en vrai, malgré la pluie et l’inconfort, le froid et la promiscuité, le vent et les montées, on a aimé chaque moment de ce voyage et pas un seul instant, on a regretté d’avoir pris la route.

Et puis après quelques semaines, la nostalgie a laissé place à des réflexions plus profondes sur notre vie, sur tout ce qu’on tente de mener de front, persuadés d’emprunter le meilleur chemin pour faire de nous un couple accompli : avoir une vie professionnelle riche, une vie sociale intense, une vie familiale épanouissante, cuisiner équilibré, faire des activités sportives, artistiques, intellectuelles et tout un tas d’autres choses… Et pourtant, nous n’avons jamais été aussi heureux que pendant ces quelques mois sans objectifs professionnels, sans vie sociale exaltante, sans activités trépidantes, sans agenda densément rempli, sans repas savamment élaborés. Le bonheur pour nous, c’est cette plage déserte au bord d’un fjord, seuls, sans bruit et sans fureur, si loin de tout…

Finalement, ce que nous avons rapporté surtout, ce sont des convictions devenues des certitudes :
que nos filles sont douces, curieuses, sereines, joyeuses, réjouissantes, créatives, adaptables…,
que nous nous aimons tous très fort et que nous aimons passer du temps ensemble,
qu’on s’épanouit vraiment dans une vie simple et proche de la nature,
que nous aimons voyager lentement à vélo
que nous repartirons, c’est sûr…

Merci à Justine de creative-chalet pour sa magnifique carte…

One Comment