En attendant le printemps…
Hambourg a beau être une bien grande ville, on en sort sans problème à vélo puisque les pistes cyclables sont partout. On traverse pendant quelques kilomètres les quartiers bourgeois qui bordent l’Elbe et on se retrouve déjà en pleine nature.
La route qui longe la digue est absolument ravissante. D’un côté, des éoliennes à perte de vue dans des champs jaunes de colza ou de pissenlits en fleur. De l’autre, l’estuaire qui s’élargit puis la mer. Partout des moutons paissant et de criards oiseaux marins, des sternes en particulier qui couvent bruyamment.
Les paysages alors rappellent beaucoup l’Irlande : de l’herbe bien verte parsemée de moutons, un air tellement humide qu’on se mouille même entre les averses ! Et puis du vent… Pour l’ambiance et pour l’effet chevelure folle, c’est parfait. Lorsqu’on s’est mis en tête de pédaler, ça l’est beaucoup moins…
Mais c’est probablement l’un des plus beaux endroits que j’aie traversé jusque là… Pourtant plus aucun cycliste à l’horizon. Pourquoi diantre s’arrêtent-ils tous à Hambourg alors que le plus intéressant est à venir ?!
Après le Po, l’Adige, l’Inn, le Danube, la Moldau et l’Elbe, j’abandonne les fleuves auxquels mon patronyme me prédestinait pour me consacrer désormais aux côtes. A vrai dire, vu l’épaisseur de la brume, je ne me rends pas vraiment compte de l’immensité que j’ai face à moi ! Mais j’ai relié la mer adriatique à la mer du nord. Et désormais, j’ai le vent de côté et non plus de face !
Le Schleswig-Holstein ressemble déjà au Danemark et les gens y sont particulièrement avenants, peut-être aussi parce les cyclistes sont plus rares dans ces contrées nordiques. Souvent, on m’aborde spontanément pour me demander si j’ai besoin d’un renseignement et plusieurs voitures s’arrêtent d’elles-mêmes lorsqu’elles m’aperçoivent avec la carte à la main !
Parmi elles, Wolfgang qui gare sa camionnette d’ébéniste au bord de la route et me fait des grands signes. Il me demande si je sais où je vais passer la nuit car il a une ferme à une quinzaine de kilomètres de là. Un terrain propice au camping, voilà une bien bonne nouvelle, me dis-je !
Et puis il m’explique qu »il y a des lits dans sa maison, et de quoi manger aussi, posé sur la table de la cuisine. En rentrant par la grange restée ouverte, on accède à l’intérieur de la ferme et je peux m’y installer comme chez moi. Je mets un certain temps à comprendre que lui n’y sera pas mais qu’il me propose tout bonnement d’investir sa maison, et même jusqu’à lundi puisqu’il part pour le weekend !
Invraisemblable et pourtant vrai… Après Olaf qui, au bout de dix minutes de conversation, me confie les clefs de chez lui en me disant que je reste aussi longtemps que je veux, Wolfgang qui m’a seulement aperçue de loin me prête sa maison par pure générosité. L’aurais-je fait moi-même ? J’en doute…Et ça fait réfléchir… En tout cas, plus aucun doute, l’homme est bon – et même meilleur que le veau, n’en déplaise à Brecht !
Je suis donc les indications de Wolfgang et trouve sa ferme sans problème. La situation est un peu étrange, j’ouvre les portes une à une pour trouver une chambre, des toilettes, une douche. Je me sens un peu Boucles d’or chez l’ours… C’est aussi grand que désordonné mais chaleureux. Et heureusement que c’est désordonné : ça me donne l’occasion de briquer sa cuisine puisque c’est la seule chose que j’aie à lui offrir comme remerciement. Malgré le feu que j’allume avec brio dans la chaudière à bois, l’eau reste froide. Mais peu importe, l’expérience vaut bien une douche froide !
D’autant que les douches froides, avec ce qu’il continue de pleuvoir, j’ai l’habitude ! Alors je rejoue la carte sauna à Büsum histoire d’emmagasiner un peu de chaleur. Et puisqu’il semble inutile de courir après le printemps, peut-être qu’en ralentissant le rythme, il arrivera de lui-même…
Je m’arrête donc chez Silke et Andreas que l’on m’avait recommandés et qui habitent à quelques kilomètres de la frontière danoise. Leur maison est haute en couleurs et on s’y sent spontanément bien. Leur fille passe l’équivalent du Bac dans quelques jours et m’explique le système scolaire danois duquel nous avons bien des choses à apprendre… Il me reste encore bien des kilomètres à pédaler pour laisser mûrir tout ça avant la rentrée…
6 Comments
Anonyme
C'est extraordinaire ce que tu fais , Jeanne.
Nous suivons tes aventures depuis Asson où nous passons le week-end.
Bisous de nous quatre .
Nononanou
Anonyme
Bonjour madame, vous nous manquez, vous savez?! On a hâte de vous revoir moi et Marie !
Bisou de Louise Vigneron & Marie Witz! <3
Jeanne Rivière
Oui, la prof de latin sera là l'année prochaine ! Et la prof de latin espère qu'elle aura une pleine classe de gentils latinistes motivés !
J'y suis déjà dans les pays nordiques ! Mais j'attaque bientôt le Danemark et la Suède si c'est de ça qu'il s'agit…
Anonyme
Coucou Jeanne
Je laisse mon premier commentaire car je n'ai pas le droit de faire de fautes (c'est Maximilien qui me corrige).
Ça roule bien.
On te suit dans tes aventures, y a des parents qui téléphone pour savoir si la prof de latin sera présente l'année prochaine.
Question vas-tu dans les pays nordiques ?
Biz de Yann et Max.
Jeanne Rivière
Comment avais-je pu oublier que j'étais dans la patrie de Sarah Kirsch…?! J'ai dû louper un chapitre de ta thèse ! En tout cas, géographiquement, elle a effectivement fort bon gout !
Anonyme
Alors tu vois, Sarah Kirsch a bien fait de s'installer dans le Schleswig-Holstein il y a des années… Je t'envie de pouvoir contempler tous ces paysages que j'ai l'impression de connaître par les poèmes !
Bon courage Jeanne,
Céline