A Copenhague et autour
A Malmö, on est attendus par Marta, amie et partenaire de tango de Miha qui a élu domicile en Suède depuis pas mal d’années. Sa joie est communicative et les filles se sentent rapidement chez elle comme à la maison. Elle nous fait découvrir la ville, ses grands parcs magnifiques, ses rues piétonnes animées, ses beaux bâtiments rouges aux toits verts, ses impressionnants quartiers modernes, son front de mer venteux… Tout semble bien s’intégrer dans cette ville où on dirait qu’il fait bon vivre. Les filles adorent les aires de jeux et l’enthousiasme de Marta. Le soir, elles veulent dormir avec elle dans son grand lit. C’est vraiment la fête !
On l’avait lu, et on l’expérimente : Copenhague, c’est vraiment la ville du vélo. Toutes les rues sont bordées de pistes des deux côtés et il y a même des autoroutes cyclistes sur lesquelles il n’est pas toujours faciles de s’intégrer avec nos lourdes montures. Mais la ville est très étendue et c’est un plaisir de pouvoir la visiter à vélo.
On pédale le long de l’eau, entourés d’immeubles au design hyper modernes et de danois qui bronzent sur les pelouses comme au plus chaud de l’été. Puis on passe saluer l’incontournable petite sirène et se mêler aux bus de touristes allemands et asiatiques qui viennent la prendre en photo. On ne manque pas non plus le quartier du port, aussi bariolé que touristique, avant de monter au nord de la ville chez Henrik et Kristine du réseau warmshower qui nous accueillent pour deux nuits dans leur maison pleine de livres et de vinyles.
Ils parlent parfaitement français et ont plein de choses passionnantes à raconter sur leurs voyages et leur recherche. Alma, d’habitude si timide, se sent de suite à l’aise et raconte spontanément tout un tas d’histoires à Kristine, qui l’écoute patiemment. On se dit que ce voyage et toutes ces rencontres la rendent beaucoup plus sociable et ça nous fait plaisir. Avec Henrik et Kristine, on partage un bon repas et des belles discussions… tout ce qu’on aime…
Le lendemain, on retourne au centre ville en tandem-charrette pour voir la relève de la garde devant le palais d’Amalienborg puis se promener dans la « ville libre » de Christiania. On y marche un bon moment dans les effluves de marijuana et Alma trouve que ça sent quand même une drôle d’odeur. Abstraction faite de la rue principale qui semble être une foire ouverte au cannabis, on admire les façades multicolores, les architectures originales et les jardins fleuris qui font de ce quartier un havre de paix dans le tumulte de la capitale. On s’intéresse surtout au projet qui l’a fait naitre et on se demande pourquoi ceux qui refusent la société telle qu’elle est, le font si souvent en fumant des joints !
En fin d’après-midi, on retrouve une voisine et amie d’enfance de Miha qui travaille à Copenhague depuis une vingtaine d’années, à peu près le temps qu’ils ont passé sans se voir. Ils se reconnaissent sans problème : il parait que leurs parents ressemblaient à ce qu’ils sont désormais il y a vingt ans ! On passe un agréable moment à discuter et on rentre dormir avec plein de conseils pour la suite du voyage.
Alors qu’on pensait aller vers l’ouest pour rejoindre Odense, on décide plutôt de continuer à longer la côte vers le nord, tant pis pour Billund et Legoland, nous choisissons plutôt les beaux paysages. La route qui longe la côte entre Copenhague et Helsingør est magnifique. Des longues plages désertes et des grandes demeures bourgeoises font face à une mer turquoise, les nombreux drapeaux et le petit vent de face nous rappellent que nous sommes bien au Danemark ! Il faut dire qu’avec la météo que nous avons depuis deux semaines, on pourrait s’y tromper. Pas une goutte de pluie depuis bien longtemps, on a même rangé les kway tout au fond des sacoches.
A Helsingør, on fait un tour dans les jolies ruelles de la ville. Un couple de vieillards sont attendris par Léna à l’avant du Pino et le papi nous raconte ses 65 ans de mariage et la maladie d’Alzheimer de sa femme. La mamie engage la conversation en danois avec Alma qui lui répond tout naturellement en oslé, la langue qu’elle a inventée et qu’elle parle avec ses amis imaginaires. Aucune des deux n’a l’air gênée de ne pas comprendre l’autre et moi je m’amuse d’écouter cette conversation un peu lunaire…
On passe par le château d’Hamlet et c’est là qu’on retrouve mes parents qui ont mis trois mois à nous rattraper avec leur fourgon. Ils vont désormais nous accompagner jusqu’au nord du pays en le découvrant à leur manière. Juste après Helsingør, on s’arrête dans un magnifique shelter où on peut manger ensemble autour d’un bon feu de bois. Les filles ont mille choses à leur raconter et ne les lâchent pas. Nous on se dit que ça fait du bien qu’elles aient parfois d’autres oreilles que les nôtres pour accueillir leurs histoires…
Le lendemain matin, on continue à longer la côte jusqu’à Gilleleje. Les couleurs sont toujours aussi belles : une mer turquoise, des plages de galets, parfois des dunes et souvent des rosiers rugueux au parfum si doux. Certes, le chemin est un peu trop sablonneux et le vent souffle un peu trop mais c’est si beau qu’on en oublie de râler ! L’après-midi, les filles vont faire un tour au château d’Hillerød avec Papou et Mamou pendant qu’on pédale sans elles jusqu’à Asserbo.
Là, au cœur de la forêt, Henrik et Kristine ont une maison de famille dans laquelle ils nous ont proposé de faire étape, quelle gentillesse et quelle chance pour nous ! On trouve les clés bien cachées et on s’installe joyeusement. On allume la cheminée et on écoute du Bach en discutant, l’endroit est parfait pour ces retrouvailles familiales. Les toilettes et la douche sont à l’extérieur et on trouve que ça ajoute au charme de cette maison un peu hors du temps et du monde.
Au téléphone, Henrik nous répète d’en profiter, de se reposer, de rester autant qu’on veut. Au moment de se coucher, on se dit qu’on ne partira pas le lendemain, on est trop bien ! Il parait que la plage de l’autre côté de la forêt est très belle, nous irons l’explorer. On fait donc une grande et belle promenade jusqu’à la mer où on ramasse beaucoup de cailloux et où on mange beaucoup de sable avec notre pique-nique. Au retour, on se lance dans une opération shampoing en trempant les filles dans une grosse bassine en métal posée dans le jardin, on aime bien le concept… les moustiques aussi !
Le soir venu, on se dit à nouveau qu’on est vraiment bien au milieu de cette forêt et qu’on pourrait y rester une nuit de plus et y fêter l’anniversaire d’Alma avec deux jours d’avance. Miha, qui lui a promis un gâteau de crêpes artisanal aussi spectaculaire que dans l’histoire de Findus et Petterson, commence à se dire qu’au Butagaz, ça risque d’être compliqué et on se lance donc dans l’entreprise en trichant un peu. Pour qu’il y ait quand même un peu de challenge, on monte la chantilly à la main pendant que Papou s’occupe du barbecue.
Le gâteau est beau et bon, Alma est heureuse avec sa bougie numéro 5, ses playmobils, son cerf-volant, son ruban de gym. Nous on est heureux d’être ici ensemble. Et aussi de manger du gâteau!
Demain, on quitte cette forêt enchantée pour reprendre la route : on a rendez-vous avec un officier de mairie dans deux semaines sur une plage au nord du pays, faudrait pas qu’on le loupe!