Autriche

Le long de la Drave

Pour nos premières vacances cyclistes estivales avec Alma, on a cherché des pistes cyclables, des campings, pas trop de chaleur ni de dénivelé, une distance raisonnable entre la France et la Slovénie… et on a atterri au sud de l’Autriche, tout près de l’Italie et de la Slovénie, le long de la Drave. Le parcours n’est pas encore défini, on suppose qu’on pédalera tranquillement, qu’on fera des jours de pause, qu’on s’adaptera à la météo et surtout à la petite qui ne pédale pas. Nous avons 2-3 semaines devant nous, tout ce qu’il faut dans nos sacoches, la voiture posée à côté de la gare de Tassenbach et du soleil annoncé…
 
Entre Tassenbach et Lienz, la piste cyclable est une véritable autoroute sur laquelle les cyclistes italiens roulent comme en scooter dans les rues de Palerme. La pente est assez nette et on fait sans effort les 30km qui nous mènent à Lienz malgré le soleil de plomb. La route est très jolie, souvent en forêt et toujours sans voiture.
 
A Lienz, on délaisse un temps la Drave pour remonter l’Isel sur 30 km jusqu’à Matrei. Les premiers kilomètres montent tranquillement sur une piste cyclable ombragée au bord du ruisseau aussi glacé que turquoise. On s’arrête dormir sur une base de rafting bien ambiancée et on reprend la route au matin pour arriver à notre but avant que la chaleur ne soit insupportable. La suite de la montée se fait par des petites routes peu fréquentées qui nous réservent quelques rudes raidillons et on arrive à Matrei en tout début d’après-midi, suants et affamés. On se rend compte alors à la moindre montée du poids que l’on traine, Miha en tirant la remorque et moi en portant tous les bagages…

A Matrei, on pose nos affaires au camping et on prend le téléphérique qui nous amène à des hauteurs où les températures sont plus raisonnables et où la vue sur le Grossglockner et les sommets alentour est splendide.

Comme il est prévu que les températures du lendemain avoisineraient encore les 40 degrés, on se lève tôt et on prépare toutes les affaires laissant Alma endormie au milieu de la tente vide. On redescend bien plus vite qu’on les a montés les 30 km de la vallée de l’Isel et on dépasse Lienz pour trouver un lac où se rafraichir. Ce que la carte ne disait pas, c’est que la pente pour y accéder est atrocement raide et on sue sang et eau pour mériter notre baignade ! On se dit aussi que descendre une vallée, c’est un bon plan… à condition de ne jamais s’éloigner du fleuve du moindre kilomètre… L’endroit valait tout de même l’effort consenti, Alma aime toujours autant l’eau, même pas très chaude et encore plus les bouées monumentales de nos voisins.

Tant qu’il fait chaud, on continue à pédaler plutôt le matin et à s’arrêter tôt dans l’après-midi. De toute façon, même en ne roulant que jusqu’en début d’après-midi et tant que c’est à peu près plat, on fait facilement une quarantaine de km par jour, ce qui nous permet tout de même d’avancer lentement mais sûrement.

Le problème c’est qu’Alma ne s’endort plus sans mouvement… Tant que la remorque roule ou que le sac de portage remue, tout va bien mais impossible de l’endormir sur une couverture à la sieste ou dans sa tente le soir. C’est bien pratique lorsqu’on pédale mais compliqué s’il nous vient l’idée de se reposer un jour ou l’envie de faire autre chose de nos soirées que d’arpenter les allées des campings en la portant ! Le bon côté, c’est qu’elle semble apprécier sa remorque de plus en plus et la montre avec son torchon lorsqu’elle est fatiguée et qu’elle veut qu’on roule. Ce qui change réellement par rapport à nos voyages précédents, c’est l’organisation de la journée. Avant, on partait après la grasse matinée, on fréquentait les cafés et on pédalait jusqu’au coucher du soleil où on posait notre tente dans un champ.

Désormais, on se couche et lève bien plus tôt et ce sont les horaires de siestes qui conditionnent notre pédalage. Pour les affaires, on se rend compte qu’on a finalement besoin de bien peu de choses. Outre sa tente et son paquet de couches, le reste est anecdotique. Elle mange comme nous et s’amuse surtout avec ce qu’on trouve en chemin. Elle s’intéresse en réalité bien peu aux quelques livres et jouets qu’on a apportés et préfère largement cueillir l’herbe, vider la trousse de toilette ou faire coucou aux voisins de tente.

Le chemin jusqu’à Spittal emprunte des petites routes de campagne agréables, parfois ombragées, parfois caillouteuses, parfois vallonnées, toujours entourées de belles montagnes et très bien balisées. On y croise pourtant bien peu de cyclotouristes. Une pluie continue étant annoncée pour le jour suivant, on se paye le luxe d’une chambre pour tuer le temps à l’abri. Par chance, il y a une très belle piscine à proximité mais le temps parait tout de même long. On s’était dit avant de partir qu’on s’accorderait des jours de pause tous les 3 ou 4 jours de vélo mais il n’est pas simple d’occuper – et surtout de faire dormir – Alma en étant statiques et on se rend compte que c’est finalement plus simple de bouger chaque jour.

On pédale ensuite jusqu’à Villach, en pleine célébration des Kirchtage. La ville sent la saucisse grillée et le costume traditionnel semble de rigueur. On fait un tour dans les jolies rues piétonnes et animées au son de l’accordéon avant de rejoindre le camping au nord de la ville. Une fois de plus, on est admiratifs de la qualité et de la propreté des campings en général. On en trouve assez peu mais ils sont toujours charmants et bien entretenus. On n’en regrette pas moins le temps du camping sauvage où chaque coin de champ pouvait être notre demeure d’un soir. Aller de camping en camping demande bien plus d’organisation et d’anticipation et même si Alma s’enthousiasme de ses bains dans les bacs à vaisselle et de la présence des chiens de campeurs, on aime mieux le calme de la nature que le fourmillement des caravanes. N’empêche que le camping de Villach est très bien alors on y laisse nos affaires pour faire le tour du bel Ossiatischer See dont on goute la douceur de l’eau. Il fait encore très chaud et la journée s’achève par un orage qui inonde une partie du camping mais épargne notre tente. 
 
Après pas mal d’hésitations, on décide de continuer à suivre la Drave par des petites routes qui s’éloignent souvent du fleuve à coup de brutal dénivelé et les cyclistes que l’on croise sont généralement en VTT électrique. Il fait toujours très chaud et la journée s’achève encore par un orage, drôle de temps pour la région… Le lendemain, après une longue baignade dans l’un des nombreux lacs du coin qui se vante d’avoir une eau de qualité potable, on quitte le fleuve pour rejoindre Klagenfurt.
 
Une journée de pluie est annoncée alors on prend une chambre. Miha en profite pour aller récupérer la voiture à quelques heures de train et nous mener au creux d’une autre vallée plus au nord : celle de la Mur. La partie slovène de la Drave étant moins facilement cyclable, on quitte ce fleuve pour en rejoindre un autre qui nous mènera aussi jusqu’en Slovénie.