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Flow vélo and co

Après un an à ne plus utiliser les vélos qu’au quotidien, on ressort la tente et les sacoches pour un petit tour estival. L’équipage a changé pour l’occasion : le tandem est resté à la maison et nous l’avons remplacé par le vélo classique de Miha qui tire la charrette et le petit vélo d’Alma, accroché au mien et à son petit siège par un follow me. Les filles grandissent et on espère pouvoir faire pédaler Alma un peu seule alors on a cherché un itinéraire sécurisé et le plus plat possible entre la flow vélo, la Vélodyssée et le canal des deux mers.

On débarque dimanche aprem sur les bords de la Charente à Chateauneuf. Il fait 35 degrés et une foule dense occupe la petite plage de sable mais ça n’empêche pas les filles de patauger un bon moment. On pose la tente tout à côté sur une zone de bivouac proposée pour les cyclistes de la flow vélo où sont installés aussi Estelle, Thomas et leurs trois enfants qui se lient d’amitié spontanément avec les nôtres. Le lendemain, il fait encore plus chaud et on décide qu’on va commencer par ramer sur la Charente plutôt que de ramer dans les montées qui nous attendent. On loue donc des kayaks et on reste au frais auprès de l’eau, ce qui permet aussi aux filles de profiter de leurs nouvelles copines et à nous de bien sympathiser avec leurs parents.

On prend la route vers le sud le mardi, en direction de Blayes d’où on compte descendre l’estuaire de la Gironde puis emprunter un morceau de Vélodyssée pour rattraper la Charente et la remonter en suivant la flowvélo jusqu’à notre point de départ. Il fait toujours 40 degrés mais j’ai repéré un lac à une petite quarantaine de kilomètres et on espère bien pouvoir s’y baigner et bivouaquer.

Les débuts de notre boucle sont un peu rudes. Ca monte sec sous un soleil de plomb et Alma se laisse promener sur le followme sans esquisser l’once d’un tour de pédale. Au bout de quelques kilomètres, elle demande à aller plutôt sur le siège et s’abîme un pied dans les rayons. On se dit qu’on n’est pas arrivés… A Barbezieux, on trouve un beau parc ombragé pour pique-niquer puis on rejoint une voie verte dans la forêt sur une voie ferrée désaffectée aux pentes bien plus douces, ce qui permet à Alma de pédaler un peu.

Il est déjà tard quand nous arrivons au bord du lac sur lequel on comptait mais ses abords sont trop escarpés. On nous en indique un autre plus loin mais impossible d’y camper. On a chaud, envie de se baigner et de se poser. Et c’est là que passe mamie Denise sans son dentier mais avec son chien. On lui demande conseil, elle nous donne les clés de sa maison pour qu’on s’installe en attendant qu’elle revienne de sa promenade. Elle a un tuyau d’arrosage qui fait notre bonheur et un grand jardin sous les arbres duquel on pose notre tente, exactement ce dont on rêvait à ce moment là !

Le jour suivant, on fait une étape plus courte. Il fait décidément trop chaud pour pédaler toute la journée. Alma fait quelques kilomètres seule et pédale plus efficacement sur le followme que Léna adore aussi. En début d’après-midi, on arrive à Montendre. On pique-nique derrière les caisses du SuperU climatisé et on roule jusqu’à la piscine, bien décidés à y passer l’après-midi au frais. En réalité, l’eau n’est pas fraiche du tout mais on y est toujours mieux que sur les routes ensoleillées ! On s’installe confortablement pour la nuit au bord d’un lac sous un bosquet tout proche. Il devrait faire des températures plus cyclables dans les jours à venir…

Le relief est plus plat désormais, surtout dans les marais à partir de Blayes. Pour compenser, on se paye un sacré vent de face… qui nous rappelle des bons souvenirs… On arrive au port de Vitrezay en fin d’après-midi en se disant qu’on trouverait bien un coin tranquille où poser notre tente pour la nuit. La capitainerie est fermée mais un marin local nous conseille de nous installer sur la pelouse impeccable à l’ombre du cognassier à côté de l’aire de jeux et des douches du port ouvertes et désertes. On en espérerait pas tant même du meilleur des campings ! On cuisine dans le soleil couchant, face à l’estuaire et aux carrelets. L’océan n’est plus très loin.

Le lendemain, on ne se presse pas le matin et on s’en mord les doigts l’après-midi, quand le vent s’est levé avec le changement de marée et nous en fait sacrément baver dans les montées à partir de Mortagne-sur-Gironde. On arrive à Meschers crevés mais contents de retrouver Lucie et la plage des Nonnes. Et d’y manger des moules avec des frites ! On passe le jour suivant à ramasser des coquilles d’huitres, construire des châteaux de sable et se trampouiller les pieds tant que la marée est haute. C’est ça aussi les vacances…

Et puis on reprend la route vers Royan et la Vélodyssée que nous empruntons pour la troisième fois en trois ans ! En mai 2021, Léna avait huit mois et y avait fait sa première expérience de voyage à vélo, puis nous l’avons empruntée sur notre chemin vers la Norvège en mars 2023 et nous y voilà à nouveau. Les paysages sont toujours aussi beaux mais le plaisir est un peu gâché par la foule dense que nous y trouvons. A La Palmyre, nous saluons les flamants roses du zoo puis nous nous éloignons un peu de la côte trop touristique et nous décidons de passer par le joli village fortifié de Brouage. Sur les petites routes entre les marais, le soleil décline et le vent nous pousse. On pédale au rythme d’Alma en espérant surprendre un ragondin ou une cigogne. On est bien…

Au camping de Beaugeay, on retrouve Estelle, Thomas et leurs trois enfants dont nous avions fait connaissance à Châteauneuf et qui achèvent la flowvélo que nous allons commencer. Nous nous étions tous si bien entendu que nous avions décidé de nous recroiser en chemin pour passer une nouvelle soirée ensemble. Le camping de la cigogne qui nous avait déjà accueillis en 2021 est parfait pour ces retrouvailles. On y trouve des tables, des prises, de l’ombre, des jeux pour les enfants, des boissons fraiches et le café est offert aux cyclistes au petit déjeuner ! Un petit paradis… Les filles jouent et discutent comme si elles s’étaient toujours connues et nous on se réjouit de pouvoir parler de grand voyage en famille puisqu’ils en préparent un d’une année. On se sépare en emportant avec nous la promesse de se revoir et des bons tuyaux sur la flowvélo que nous nous apprêtons à rejoindre.

On atteint les bords de la Charente dans l’après-midi mais on n’est pas séduits d’entrée par cet itinéraire qui fait bien des détours inutiles et emprunte souvent sur des chemins blancs poussiéreux et caillouteux. Pour se consoler, la météo est idéale et on trouve sans mal des beaux spots de baignade et bivouac au bord du fleuve. Un soir, sur une petite plage, des enfants jouent à pêcher des écrevisses et on s’amuse à les regarder. Le soir venu, quand on retourne à l’eau faire notre vaisselle, on trouve les berges envahies de pinces prêtes à nous choper un doigt. On avait entendu parler de cette prolifération d’écrevisses mais on n’imaginait pas que c’était à ce point…

A partir de Cognac, le chemin est nettement plus roulant et longe tranquillement le fleuve, ce qui permet à Alma de pédaler un peu plus seule. Les villages traversés abritent un sacré paquet de magnifiques maisons de maitre en pierre claire et on se dit que le vin fait des miracles ! Pour notre dernière nuit de bivouac, on s’installe royalement au bord d’une écluse manuelle donc on observe le fonctionnement au premier bateau qui passe. Les filles jouent avec passion aux pirates jusqu’à la nuit tombée. Elles se trouvent des armes en bois et imaginent être déguisées en garçon pour pouvoir faire ce qu’elles veulent parce que dans les écoles de filles, « on n’apprend que la couture et la danse » selon Alma. Sacré pouvoir des contes !

Les derniers kilomètres jusqu’à Chateauneuf se font tranquillement avec des pauses cueillette de mûres et grattage de boutons de moustiques ! La voiture nous y attend, la petite plage de sable du premier jour aussi. La boucle est bouclée… Difficile de se satisfaire de quelques jours sur les routes après le grand voyage de l’année dernière mais on se réjouit de voir que les filles reprennent si rapidement leurs habitudes de voyageuses et qu’elles aiment toujours autant la vie nomade, même quand elles doivent pédaler. To be continued…