En route vers les Alpes
On quitte Judith, Stefan et leur chien fou au matin, souriants encore de cette opportune rencontre et en apportant en souvenir des guêtres qu’ils nous prêtent généreusement.
A Luzerne, le printemps nous a précédés. Il fait toujours froid mais beau. Le lac, les montagnes enneigées qui surplombent la ville, les ponts couverts en bois, les rues pavées de la zone piétonne, tout cela nous plait beaucoup !
On quitte Luzerne au matin sous la pluie pour bien nous rappeler que le printemps n’est pas encore tout à fait là et on longe le lac par le sud jusqu’au tunnel où nous devons prendre le ferry pour continuer notre chemin par le nord comme l’indique savamment le guide suisse de la Route 3.
Une fois n’est pas coutume, on avait regardé à l’avance les horaires des bateaux, rares en cette saison, et on se pointe largement à l’avance pour ne pas louper celui du milieu de journée. Un bateau sans aucune indication arrive à l’heure précise, jette sur le quai quelques personnes et range son pont pour repartir. On le regarde béatement, espérant une réaction de ceux qui semblaient l’attendre avec nous mais personne ne bouge. Le voyant redémarrer et n’écoutant que son courage, Steven bondit et hèle le capitaine qui confirme qu’effectivement, il va bien où nous allons mais sans nous ! Il remet tout de même son pont en maugréant et nous laisse monter in extremis : pour la première fois de l’année le ferry a eu une minute de retard à son arrivée au port de Gersau !
La journée sur le thème de l’eau continue puisque la pluie nous arrose épisodiquement mais régulièrement. Le ciel se dégage peu à peu et laisse entrevoir les montagnes qu’il nous faudra gravir le lendemain. On est au pays de Guillaume Tell et tout porte son nom, ce qui me rappelle une leçon du Aufwind 4ème, n’est-ce pas chers amis germanistes ?!
On décide de s’approcher le plus près possible du pied du Saint Gothard et on arrive à la nuit tombée à Erstfeld. Décidés à camper parce que se doucher tous les jours, c’est tricher, on part en quête d’une grange pour survivre aux températures négatives prévues. On nous guide jusqu’à une ferme où il y aura un toit pour nous et on s’en réjouit naïvement sans savoir ce qui nous attend !
Le paysan qui nous reçoit nous abreuve de paroles haineuses sur la société, les banques, les hommes politiques et tout ce qui n’est ni ses vaches ni ses enfants. Il nous explique que rien n’est gratuit, qu’il a tout construit de ses bras, qu’on ne lui a jamais rien donné, que le monde est cruel. On voudrait bien répondre, réagir, discuter pour de vrai mais on n’est pas franchement à l’aise et il ne semble de toute façon pas du tout disposé à s’intéresser à ce qu’on pourrait en penser ! Il nous mène tout de même dans sa grange qui est en réalité aménagée pour les cyclistes qui passent par là. On est un peu gêné parce qu’on a oublié de retirer des sous et on doit avoir à tout casser 4 francs suisses sur nous. Mais il nous dit bien que tout est gratuit puisque c’est l’hiver, ce que ne semble pas avoir acquis sa femme qui vient nous sermonner à 7h30 en nous traitant de porcs parce que nous avons utilisé la douche et en nous expliquant sans diplomatie que quand on n’a pas d’argent, on ne part pas en vacances ! On apprécie moyennement et on ne s’attarde pas en ces lieux hostiles…
Les Alpes, on en fait toute une montagne, et pour cause. En réalité, en roulant tranquillement, c’est presque agréable ! Le genou n’est pas encore au mieux de sa forme mais pédale vaillamment jusqu’à Göschenen où nous devons prendre le train sur quelques kilomètres puisque le col est fermé. Le paysage change au fur et à mesure que nous montons en altitude et change encore plus nettement de l’autre côté du tunnel ferroviaire…
2 Comments
Jeanne Rivière
On a passé la frontière tout à l'heure, il est donc temps de passer à la méthode "glace à l'italienne" ! Par contre, le soleil, il semble que ça ne soit pas pour tout de suite !
Anonyme
Des aigris de la vie, semble-t-il ! mais le sweet-home prêté semblait bien bucolique.
Ah ! ce genou ! un cataplasme de chou, dit Lucie ; et pourquoi pas, avant la frontière, un massage au petit Suisse; sinon, dans quelques kilomètres, s'il est encore inflammatoire, te restera la glace à l'italienne .
Bon soleil à partir de maintenant.
Bisous, bisous
claudie