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Tour d'Europe

Y’a plus d’saison ma bonne dame !

   Dans le palmarès des jours les plus pourris, jeudi restera probablement longtemps haut placé !
   D’abord parce qu’il pleut sans discontinuer d’une pluie froide et pénétrante mais qu’il faut bien faire les 60km qui nous séparent de Crémone puisque Steven y prend le train en fin d’après-midi. À l’office du tourisme, l’employée ne sait pas où est la gare de sa ville et m’indique un hôtel luxueux lorsque je lui demande s’il y a une auberge de jeunesse. Je tente de lui faire comprendre que je suis en quête d’un logement plus humble et un énergumène sorti d’on ne sait où semble soudain avoir une idée géniale ! Il passe un coup de téléphone, inscrit une croix sur un plan et m’envoie de sa part à Caritas, centre d’accueil pour réfugiés ! Je comprends bien vite que ce lieu n’est pas pour moi, a fortiori en tant que demoiselle esseulée !
   Et puis Steven s’en va et me voilà sur le quai de la gare de Crémone, la nuit tombante, sous une pluie qui a fini par avoir raison de mon Gore Tex ! Mais comme moyennant finance, tout problème a une solution, je trouve un douillet et coquet Bed&Breakfast qui possède un réconfort inattendu : un piano !
   Le lendemain, il ne pleut momentanément plus ! J’en profite pour m’attarder un peu autour de la cathédrale romane et admirer les nombreuses vitrines de luthiers. Crémone serait même sûrement une jolie ville si elle n’était pas définitivement associée dans ma tête à ce quai de gare pluvieux !

 

Après Milan sous la pluie, Pavie sous la pluie, Piacenza sous la pluie et Crémone sous la pluie, je décide de ne pas tenter Parme sous la pluie ! Tant pis pour le jambon et la chartreuse ! J’ai eu ma dose de Duomo en briques, de Via Garibaldi et de Piazza Cavour !
Des panneaux semblent indiquer un parcours cyclable suivant le Po mais la signalisation à l’italienne est plus qu’hasardeuse et je tourne en rond dans cette plaine où sont dispersées quelques immenses fermes à moitié en ruine sous un ciel bas et lourd jusqu’à croiser un panneau qui indique que Crémone est à 5km. Mon compteur en indique 35 ! Mais il ne pleut pas et il n’y a pas de col à passer, et cela suffit à me réjouir !
   Seule à nouveau, je me dis qu’il sera facile de trouver refuge chez l’habitant mais on me renvoie toujours à l’hôtel de la ville à côté ou chez le curé du village. Seul un chauffeur de taxi à qui je n’avais d’ailleurs rien demandé me propose de venir dormir chez lui ! Mais il habite bien loin de ma route et dans le fond, ça m’arrange bien ! A 19h et avec 90km au compteur, je finis par me résigner à investir l’hôtel de la ville à côté qui ressemble en réalité bien plus à une auberge de jeunesse et qui, par chance, est fort sympathique. Je peux y faire sécher mes affaires, y faire la cuisine, et même y laver le pantalon et les chaussettes ! Et même y rester un jour de plus puisque la pluie ne s’arrête pas de tomber de tout le jour suivant… J’en profite pour préparer un peu  mes étapes suivantes, coudre sur mes sacoches les beaux drapeaux de Suisse et d’Italie que j’avais achetés, faire des origamis, bouquiner, peinturlurer, et reposer mon genou qui s’en réjouit… Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Le gérant de l’auberge qui tient le restaurant attenant s’inquiète de ma solitude et vient régulièrement s’enquérir de mes activités et me proposer de venir boire des coups à son comptoir ! Et la journée passe…

   J’ai l’impression depuis quelque temps de ne parler que de la pluie et du beau temps – enfin surtout de la pluie d’ailleurs ! Je n’ai pourtant rien contre elle dans l’absolu mais je me rends compte à quel point la météo joue un rôle important dans ce type de voyage… Il se dit que jamais printemps ne fut si mauvais ici mais qu’une amélioration ne devrait pas tarder à arriver… Les sols sont de toute façon tellement gorgés d’eau que je ne suis pas prête de dormir sous la tente…
 On passe ce soir à l’heure d’été, on verra si ce changement se montre plus efficace que le printemps !

 

9 Comments

  • Jeanne Rivière

    A vrai dire, je ne sais pas vraiment où je serai mais il y a des chances qu'il y ait Lucie. Il faudrait que tu lui demandes directement, je ne connais pas les dates de ses vacances. Mais même si elle est là, d'ailleurs, je pense que tu peux te joindre à nous !

  • Etienne

    ah ben précise moi aussi dès que tu sais quand exactement tu seras accompagnée par un troupeau de collègues… en gros moi je peux, éventuellement avec un ami franco-berlinois, dans la semaine du 29 avril au 5 mai. ou sinon la semaine suivante (entre le 6 et le 10). J'ai pensé t'accompagner sur le tronçon Dresde-Dessau par exemple (parce que Dessau et le Bauhaus me dirait bien) mais peut-être que tu seras déjà plus loin à cette période…

  • Jeanne Rivière

    Comment ça pas de dépêche AFP ?! Je comptais pourtant sur toi, Etienne ! Ta compagnie serait bien sûr bienvenue tout de même mais faudra que tu me dises si ça précise parce qu'il y aurait peut-être des vacanciers de l'éducation nationale à cette période.

  • Etienne

    salut Jeanne, je découvre avec plaisir ton chouette blog et te souhaite bonne route! pas d'article AFP à attendre de mon côté mais éventuellement de la compagnie sur les chemins d'Allemagne fin avril ou début mai, je devrais avoir un peu de temps! bises et à bientôt j'espère, Etienne

  • Gilbert

    Oui, printemps pluvieux, et même neigeux et gelé comme nous l'avons rencontré en France ce vendredi matin ; ce serait le résultat du réchauffement climatique (sic) !
    Continue de prolonger les pauses, Jeanne.
    Bon, … inutile de te souhaiter du courage ; tu en as déjà tout un stock !
    Bises.
    Gilbert