1000 bornes sans coup fourré !
Dimanche matin, il ne pleut plus. Et en cherchant bien, on peut même apercevoir quelques coins de ciel bleu ! Incroyable ! En dépit du vin local et du parmesan dont Roberto m’avait abreuvée la veille au soir, je profite de cette clémence céleste pour avancer enfin.
La signalisation s’améliore et malgré quelques passages un peu chaotiques, je peux pédaler presque continuellement sur les berges du fleuve et c’est très agréable. Le genou a apprécié son jour de repos et se porte comme un charme et je peux même abandonner momentanément les gants de ski… Le bonheur ! Sur la route de Mantova, j’emprunte un étrange pont posé sur des barques et je passe le cap des 1000 km. Plus que 7000 dirait Renaud !
Mantova est un ravissement. La ville est animée en ce dimanche de Pâques et j’y reste un moment à errer dans les rues en admirant les vieilles pierres.
Et puis je quitte la ville en longeant un affluent du Po parce qu’il va bien falloir trouver où dormir. Les passants sont rares et, la nuit tombant, je décide d’aller demander directement si je peux m’installer dans le jardin d’une grande bâtisse que je vois illuminée. Par chance, je tombe sur Sylvia qui parle un peu anglais et qui m’accueille avec enthousiasme, et avec toute sa famille. Une grande fête est prévue le lendemain pour Pâques et ils ont chauffé une salle pour le repas. Je peux m’y installer, utiliser la douche et tout ce dont j’ai besoin… Et puis Fausto vient me voir avec un post-it sur lequel Google a écrit : « Voulez-vous un bouillon de soupe chaud? » Ça ne se refuse pas… Je goute donc à sa soupe, sa charcuterie et son fromage ! Lui et sa femme qui partagent la maison de Sylvia et sa famille ne parlent qu’italien mais on parvient tout de même à se comprendre et je me dis en les quittant pour aller me coucher qu’il faut vraiment que j’apprenne l’italien !
Il pleut encore dans la nuit et le ciel au matin est gris foncé mais je prends tout de même la route qui ne quitte désormais plus la digue surplombant le fleuve. En ce lundi férié, l’Italien pédale volontiers, de préférence en troupeau et moulé intégralement dans une combinaison en lycra. Et l’Italien pédalant apprécie la cycliste française qu’il gratifie de chaleureux « Bravissima » ou « Complimento » ! J’ai aussi un certain succès auprès du promeneur de chien d’un certain âge qui me propose qui une chambre à air, qui un café… qui une sieste ! Et qui fait toujours des gros yeux ronds quand je lui fais comprendre que oui, je voyage seule et non, je n’ai pas 20 ans !
Sur cette digue un peu plus loin, une voiture me double, puis s’arrête, puis m’arrête parce que « bellissima » ! Malgré la barrière linguistique, je comprends très bien les intentions du bougre qui parvient habilement à les mimer ! Me voyant peu encline à les satisfaire, il me propose de payer mes services, ce qui ne suffit étonnamment pas à me faire céder ! Même s’il ne présentait apparemment pas de réel danger, je décide de renoncer au camping sauvage dans le secteur et demande un endroit sûr où poser ma tente à un papet croisé peu après. Je ne comprends pas grand chose à ce qu’il raconte, seulement qu’il tente de monnayer ses informations contre un baiser ! Et je continue donc bredouille !
La nuit tombe alors je quitte la voie sur berge pour trouver refuge dans le village à proximité. Il y règne une étrange atmosphère sans que je comprenne vraiment pourquoi. Après m’être adressée à plusieurs personnes aux réactions souvent saugrenues, je me rends à l’évidence qu’on me confirmera ensuite : ce petit village abrite un centre psychiatrique !
Je m’en éloigne donc et croise enfin à Stellata un esprit sain : Jary, qui me propose son jardin, puis son garage, puis sa douche, puis sa chambre d’amis ! Ce soir, sa mère n’est pas là alors c’est soirée Fifa-bière avec des copains ! On se comprend plutôt bien dans un anglais italiennisant, assez bien en tout cas pour pouvoir parler de foot, de politique, de religion et du tremblement de terre qui a traumatisé la région l’année dernière. Je me dis qu’il est peut-être à l’origine de toutes ces ruines que je croise en chemin.
Le lendemain matin, il pleut ! Et comme un malheur ne vient jamais seul, quand le taux d’humidité dépasse un certain seuil, le genou rechigne à pédaler ! Je prends tout de même la route de Ferrare et y croise mes premiers compagnons de cyclotourisme : une famille d’allemands avec qui je peux enfin discuter dans une langue qui m’est connue !
La ville est bien belle. Elle se prétend amie des cyclistes et c’est vrai qu’ils y sont nombreux. J’y achète un dictionnaire d’italien qui me permet déjà de me faire comprendre et de répondre aux questions qu’on me pose vingt fois chaque jour : d’où je viens, où je vais, suis-je seule, n’ai-je pas peur, quel est mon âge, suis-je sûre d’avoir vraiment 30 ans !
Comme auparavant, je m’éloigne un peu de la ville pour trouver à passer la nuit et tombe sur un moulin-café dans lequel se tient une réunion à propos de « bicicletta » ! On me voit passer à l’extérieur, on vient me chercher, on m’interroge et on me propose de laisser le hall d’entrée ouvert pour que je puisse y dormir.
Sur ces entrefaites, l’employé communal vint à passer. Il a pitié de moi, me propose plutôt de venir manger et dormir chez lui et je le suis donc dans son village à quelques kilomètres de là. En chemin, il appelle sa femme, apparemment peu commode, qui lui fait un scandale et, honteux et confus, il me laisse au bord de la route. Il est 21h et il pleut ! Mais je trouve une âme charitable qui me mène jusqu’au B&B du village et je me dis que c’est quand même pratique de parvenir à dire quelques phrases en italien !
13 Comments
Jeanne Rivière
Hi Marta, Gabriella and Fausto ! I'm happy I can give some news in english. It was so complicated to communicate in italian… But I decided to learn after this "hot soup experience" and I can already say much more than last week ! Next time I come to Mantua, I speak fluent !
Anyway, my evening at your place was a real pleasure and I thank you all for your welcome !
Jeanne Rivière
C'est sûr que ça ne va pas battre en brèche les clichés ce genre d'anecdote…
Jeanne Rivière
J'ai moi-même parfois tendance à en douter mais il faut bien se rendre à l'évidence : oui, cher O., j'ai bientôt 30 ans !
Jeanne Rivière
1300 km et toujours pas de soleil en vue ! Mais il ne faut jamais désespérer de rien !
Jeanne Rivière
C'est bon pour les photos de Venise. Je les ai même toutes prises sous la pluie pour un meilleur effet à l'aquarelle…!
Jeanne Rivière
Qui est cette mamie qui chemine avec moi ?! Merci en tout cas pour les envois !
Unknown
Hi Jeanne, I'm Marta Gabriella and Fausto's daughter from Mantua . She told me your story and I decide to write on your blog to say you wish you good luck. Goodbye from the Hot Soup's family! 🙂
Anonyme
Nous sommes avec Renée et Nono et te souhaitons un bon voyage en te faisant de gros bisous. René et Maïté
Geneviève
C'est bien les Italiens fournissent la matière pour alimenter le blog et font honneur à leur réputation de dragueurs invétérés !
Anonyme
Ben dis-donc, quelles aventures! Tout ça est vraiment épatant!
Et puis, j'en reviens pas: t'as vraiment 30 ans? T'es sûre?
O.
Anonyme
Toujours un plaisir de suivre tes aventures extraordinaires. Bon courage pour les 1000 km à venir… sous le soleil!
Céline M
Anonyme
1000 bornes , OK, mais tu as de la chance, la partie n'est pas finie !
Fais-nous plein de photos à Venise pour nos futures aquarelles .
claudie
Anonyme
Je t'envoie de belles énergies pour cet extraordinaire périple, bravo et plein de belles et incroyables rencontres, une mamie qui chemine avec toi, Sunshine.