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Tour d'Europe

Une soirée au Lido !

Après une longue pause, fort agréable d’ailleurs, sur la place du château de Mésola, je m’en éloigne au soleil couchant et décide de ne pas suivre le Po jusqu’à la mer. A vol d’oiseau, je ne suis qu’à une quinzaine de kilomètres de la mer mais plus à l’est, plus aucun pont pour traverser les différents bras du fleuve qui forment le delta. Tant pis donc pour la mer, je bifurque vers le nord pour aller vers Chioggia où je prendrai le bateau pour Venise le lendemain.

 
 

A Taglio del Po, je trouve un grand-père prêt à me laisser un coin de son jardin pour y planter ma tente. Ce n’est pas bien verdoyant et juste à côté de la route mais ça fera l’affaire pour la nuit. Il a l’air de vouloir me dire des choses mais je ne comprends absolument rien à ce qu’il raconte et c’est bien embarrassant… Alors que je m’apprête à sortir mon Butagaz, son fils qui habite la maison voisine passe et me propose, dans un langage bien plus compréhensible, de venir manger chez lui. Il se réjouit de me présenter sa fille – âgée de 18 ans – parce qu’il nous soupçonne d’avoir à peu près le même âge… no comment !
Me voilà donc à table avec Massimiliano, Valentina, Nicoletta et la grand-tante de passage ! Bien sûr, ils ne parlent qu’italien, et ils font même des efforts, m’expliquent-ils, pour ne pas parler le dialecte vénitien qu’ils emploient généralement entre eux ! Mais depuis que j’ai mon dictionnaire, je peux presque discuter d’autre chose que de mon âge ou ma provenance ! Et puis Valentina joue brillamment le professeur et me donne un cours de conjugaison avec des fiches à réviser avant de me coucher ! En quelques jours à peine, j’ai l’impression de me débrouiller à peu près et surtout de comprendre presque tout ce qu’on me raconte, ce qui me permet désormais de m’adresser directement aux gens en italien. L’apprentissage d’une langue en immersion totale et avec la nécessité de communiquer me semble d’une fulgurante efficacité ! 

 
 

Le repas est donc tout à fait chaleureux et rendez-vous est pris pour le petit déjeuner le lendemain matin sur la place du village. Toutes les matrones du canton s’y retrouvent et commèrent gaillardement autour de leur cappuccino. L’atmosphère pourrait servir de cadre à une pièce de Pagnol ou à un film de Guédiguian et c’est plaisant ! Très beau moment de vie qui me fait aimer cette forme de voyage…
Bien sûr, Nicoletta raconte vingt fois que je suis venue à vélo depuis la France et le récit est ponctué vingt fois de « Madonna » et vingt fois on me demande si j’ai vraiment 30 ans…! Et puis Nicoletta me fait mille recommandations et me donne son numéro de téléphone pour l’appeler si j’ai le moindre souci avant de me guider jusqu’à la route de Chioggia. Elle m’appelle d’ailleurs le soir même pour savoir si je suis bien arrivée et où je passe la nuit !

Chioggia, face à Venise, y ressemble déjà par ses canaux et ses pont les enjambant… absolument charmants mais tellement problématiques avec un vélo de 50kg…

L’office du tourisme me dit que je peux sans problème embarquer à bord d’un vaporetto qui me mènera jusqu’à la place Saint Marc, ce qui n’est en réalité pas du tout le cas ! Le trajet jusqu’à Venise se fait partiellement en bus, ce qui s’avère donc bien compliqué pour Frida !
 
Je ne commence donc par prendre le bateau que jusqu’à Pallestrina. L’île est encore sauvage et le temps semble s’y être arrêté. Pas l’ombre d’un touriste, des pêcheurs seulement qui recousent leurs filets ou trient leurs moules. J’y resterais bien dormir sur une plage déserte mais il est 16h et la météo ne se prête guère à l’oisiveté en plein air…

Je rejoins donc le Lido où j’ai bien l’intention de trouver un endroit solitaire où passer la nuit mais l’île est beaucoup plus huppée et beaucoup moins à mon goût. J’entrevois bien un morceau de plage coincé entre les ruines de l’hôpital, le terrain militaire et la piste de l’aéroport mais outre le bruit des vagues, il n’a vraiment rien de bucolique et, la fraicheur du soir et l’humidité qui se fait sentir aidant, je m’embourgeoise le temps d’une nuit et investis l’hôtel le plus distingué de ma vie de vacancière qui arbore même fièrement une étoile !

 

6 Comments

  • Anonyme

    Tu m'as identifiée, Miss Marple ?
    bon, si tu pédales pas trop vite, j'ai encore le temps de m'y mettre.

  • Anonyme

    Deux nonnos valent mieux qu'un !
    S'ils passent un jour par Bayonne, ils seront hébergés à l'avenue de l'Ursuya, mais avec leur dictionnaire italien !
    gros bisous
    Nononanou

  • Anonyme

    A chacun son Nono !
    Allez Jeanne, plus que le Tchèque, le Danois et le Suédois à apprendre ; courage !
    seconda figlia di Nono