Le vent, voilà l’ennemi !
Contre le froid, on peut se couvrir. Contre la pluie, on peut s’abriter. Contre le vent, on ne peut rien. Il assourdit, il fatigue, il lasse mais à part céder à sa pression et changer de direction, il n’y a pas grand chose à faire. Ou prendre son mal en patience et pédaler lentement un jour, deux jours, une semaine, en espérant de meilleurs lendemains… Et puis le vent, s’il m’empêche d’avancer, a enfin poussé les nuages pluvieux et depuis quelques jours, il fait même un soleil radieux qui pourrait faire bien des jaloux !
A Sylt, je craignais de me retrouver noyée dans une marée de touristes mondains mais l’île s’est avérée simple et agréable. Sur le quai du train que je rate, je discute longuement des surfers. Dans le train, Stefan me propose de se retrouver le lendemain pour faire le tour de l’île ensemble à vélo. Au milieu des dunes, je pédale avec un couple qui m’amène jusqu’au port. Les gens prennent le temps, ça sent les vacances et la légèreté ! Et puis sur le ferry qui me mène à Rømø, je rencontre Tom qui me raconte tout ce que j’ai raté et s’insurge que j’aie pu rester si peu de temps sur son île. Encore un endroit où il me faudra retourner !
Me voilà donc au Danemark où je rêvais de pédaler depuis bien longtemps.
On parle danois, on mange fort mal, la vie est chère, le camping sauvage est interdit, les rares villes sont de peu d’intérêt, les pistes cyclables sont souvent des chemins sablonneux difficilement praticables, et il fait un temps pourri mais c’est pas une spécificité nationale ! Et pourtant, sans trop savoir pourquoi, je suis contente d’être là ! Il y respire une sorte de quiétude, d’apaisement difficilement descriptibles. La côte ouest est monotone mais belle : des herbes folles, des éoliennes, des dunes, parsemées de maisons basses de bois et de chaumes, balayées par le vent, et les vagues qui déferlent…
Plusieurs fois, je tombe sur des campings aussi sauvages que désertés et où je me trouve fort bien. A Borsmose, les seuls autres habitants des lieux m’invitent à partager leur barbecue, ce qui me permet pour la première fois d’approcher des Danois de près ! Mes contacts, sinon, sont relativement limités et se font plus souvent avec des touristes allemands qui me prennent pour l’une des leurs !
Hier, entre deux dunes, je trouve l’endroit idéal pour passer la nuit. Un point d’eau, un abri, une plage et le soleil qui descend lentement vers l’horizon. On ne peut pas planter la tente mais l’abri peut servir de refuge, une nuit à la semi belle étoile sur les bords de la mer du nord, ça ne se refuse pas…
Et puis débarque Rüdiger avec son camping car ! Il a passé l’après-midi à désensabler son bolide et en plus, il a cassé sa canne à pêche ! Et il a très envie de le raconter haut et fort en faisant des grands gestes et en se tapant gaillardement la bedaine ! Il parle beaucoup et il mange des sardines au petit déjeuner mais il est entier, drôle et finalement sympathique.
A minuit, l’horizon est toujours clair mais il ne fait pas bien chaud et puisque son camping car est grand et beau, il me propose de troquer mon refuge de fortune contre le lit du haut. Et mes gouts de luxe l’emportent ! C’est un peu étrange de se retrouver à passer la nuit avec un parfait inconnu dans un endroit confiné mais ça ne m’empêche pas de savourer le confort des lieux…
Le lendemain, le vent souffle toujours et il essaye de me convaincre que je ferais mieux de ne pas continuer ma route tout de suite. Il me propose de m’amener au nord ou à l’est du pays pour me débarrasser du vent de face et de manger de la soupe de pois en chemin mais rester encore avec lui impliquerait d’entendre encore un certain nombre de fois l’histoire de la canne à pêche et de l’ensablement…
Et puis ça serait choisir la facilité et refuser le combat contre l’adversité ! Le vent s’épuisera avant moi, aucun doute !
8 Comments
Jeanne Rivière
Bonjour Narcisse,
j'ai effectivement parfois suivi aussi cette route à la Marguerite et je suis aussi passée, mais totalement par hasard, à cet endroit riche en volatiles dont tu me parles ! Désormais, je vais pédaler vers le sud, peut-être que cette fois, le vent sera avec moi…
Jeanne Rivière
Cher Florian,
Sois rassuré, il y a des vagues de dunes pour arrêter les vagues et des vagues rochers que les marées dépassent ! Mais il n'y a pas de frites…
Anonyme
Bonjour Jeanne
BRAVO! un voyage en vélo n'est jamais facile, c'est bien pour cela qu'on en garde pleins de souvenirs et qu'on fait de merveilleuses rencontres. tu as dû trouver la "North road cycle n°1". au Danemark il y a aussi la route touristique Marguerite à l'intérieur du pays. tu comprends aussi qu'il est deconseillé aux cyclistes d'emprunter la route de la grande digue au Pays Bas. c'est vrai que le vent peut parfois rendre fou! un site ou passent les oiseaux est super interressant à voir au nord dun pays,entre Velos et Fjerritslev " Limfjorden" N57°01'58 E9°06'04 aire sur le bord de la route 11.j'y ai passé une nuit inoubliable et un reveil fantastique avec tous ces volatiles. BONNE ROUTE. narcissesafari
Jeanne Rivière
Une bonne idée la Laponie ! Et puis je pourrais peut-être troquer Frida contre un traineau tiré par des rennes…?!
Jeanne Rivière
Ce Murphy, il ne me plait pas beaucoup !
Unknown
Quel courage dans cette lutte contre le vent.
N'abandonne pas. il finira bien par tourner. Mais sans doute à ton retour suggérerait Murphy.
Unknown
Chère Jeanne,
Une question pourtant me taraude !
Tes allusions à la Mer du Nord sont rares, voire absentes… a-t-elle encore et toujours le cœur à marée basse ?
Anonyme
L'ennemi du jour sera ton ami de demain puisque bientôt tu l'auras dans le dos ! parait qu'en Laponie, il fait 30 ° ? t'as pas envie de pousser jusque là ?
Claudie