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Tour d'Europe

Trèves, dernière ville avant la trêve…

   A se taper la Ruhr, on ne lésine pas sur le camping industriel et on s’installe souvent très près des usines, au point que le service de sécurité de l’une d’elle vient un soir nous déloger. On migre donc quelques centaines de mètres plus loin pour ne rien rater du coucher de soleil sur les cheminées. On pourrait presque trouver un charme au tourisme industriel…

    Bonn nous semble déjà plus fréquentable que Duisburg, Düsseldorf ou Cologne. Au hasard de nos flâneries, on tombe sur un magasin de vélo fort bien achalandé et Frida s’y voit offrir un élégant vase de guidon qu’elle porte à ravir ! Certains partaient à la guerre la fleur au fusil, je reviens au pays la fleur au guidon, c’est déjà ça….
 
    Dès la sortie de la ville, la vallée devient plus étroite et les paysagent changent. Les péniches défilent toujours mais les usines ne sont plus omniprésentes et la verdure gagne du terrain. Coblence semble même une ville au milieu de la campagne et nous plait beaucoup, surtout lorsque la lumière orangée du soleil couchant éclaire la citadelle qui la surplombe…
 
    La vallée du Rhin ensuite ne ressemble en rien à ce qu’elle était auparavant. Les bateaux de croisières font concurrence aux péniches et on comprend aisément que les touristes se pressent ici. Les villages sont adorables, les coteaux bourgeonnent de vignes, sur chaque éminence, un vieux château est perché. Puisqu’il nous reste un peu de temps, on fait donc un aller-retour jusqu’à Rüdesheim en passant bien vite devant le rocher de la Loreley de peur que son chant n’envoûte aussi les cyclistes. Il ne s’agit de toute façon que d’un vulgaire caillou et on se demande bien pourquoi elle a choisi d’y élire domicile alors qu’elle aurait pu trouver perchoir bien plus pittoresque !
 
    Ces paysages, on les retrouve ensuite le long de la Moselle en plus beaux encore ! Les trains et les péniches se font plus discrets, la vallée est plus étroite, les coteaux plus raides. Selon l’orientation des méandres du fleuve, les vignes s’étendent de l’un ou l’autre côté et les pentes sont si abruptes qu’il faut des échelles et des rails pour atteindre les ceps les plus hauts. Et les villages de maisons à colombages sont absolument ravissants.
 

     Il manque seulement les cerises et les fraises que l’on trouvait au nord du pays. Mais même si le temps des cerises est passé, on se console avec les prunes et les mûres qu’on trouve partout. La vallée regorge aussi de pommiers, de poiriers, de pêchers etc dont les fruits ne sont malheureusement pas mûrs… Et si je trainais par ici jusqu’à l’automne… ?!

 
    Depuis qu’on fréquente les fonds de vallées, les campings Deluxe se succèdent, en particulier le long de la Moselle où on trouve un champ calme, plat, bien orienté, à peu près inaccessible et avec vue imprenable sur les vignes !
 
    En pleine toilette dans les eaux plus ou moins vaseuses du fleuve, et étant tout juste sortis victorieux d’une lutte sans merci avec un cygne virulent, une voiture passe nonchalamment devant nous, une voiture dans l’eau ! Nous avons roulé plus de 80km sous le soleil, peut-être nous a-t-il trop tapé sur la tête. On se frotte les yeux, on regarde à nouveau : il y a bien une voiture sur le fleuve, et elle vogue tranquillement… Le cygne, lui, il s’en fout !  Il continue l’air de rien à lisser ses blanches plumes. Et cette blancheur m’impressionne, il faudra que j’approfondisse la question dans le cadre de mon concept d’auto-nettoyance !

 

Plus que quelques centaines de kilomètres désormais. Une bagatelle… Le genou se souvient cependant que la voiture rencontrée de trop près a essayé de le faire plier dans le sens où ça plie pas et rechigne parfois à forcer sur les pédales. En voilà au moins un qui se réjouit que l’arrivée soit si proche !

 

 

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