Carnet de route

Départ !

Mercredi 1 mars : le bonhomme de neige n’a pas encore fondu mais le ciel est bleu alors c’est décidé, on y va ! Enfin on triche un peu quand même puisqu’on prend la route sans bagages et sans les filles qu’on laisse à mes parents et qui vont faire la voiture-balai pendant les deux premiers jours pour épargner les températures glaciales aux petites… et peut-être aussi pour retarder un peu les au-revoir…

D’Asson, on attrape vite la V81 qui longe le gave. En chemin, on retrouve Françoise et Jérôme à l’heure du café. C’est chouette, cette tournée familiale à l’heure du départ ! A Denguin, Gilberte et Dédé, des amis de la famille, nous attendent. La garbure mijote et le feu brûle déjà dans la cheminée de la jolie maisonnette qu’ils nous prêtent pour la nuit. Les filles font la connaissance du petit Louis qui semblerait bien motivé pour rester avec nous et on passe une agréable soirée autour de la garbure et des beignets de carnaval. Le lendemain, nous repartons avec un pot de pâté, un pastis landais et le sentiment que ce premier hébergement met déjà la barre très haut !

Jeudi, on reprend la route sans chargement et on l’apprécie d’autant plus au moment de monter la côté du coteau de Lagor à 16% ! Rendez-vous a été pris au lac d’Orthez pour retrouver mes parents et les filles au moment du goûter. Alors qu’on patiente, transis de froid à côté d’une balançoire, un cycliste nous interpelle : « La famille Rivière ». C’est Gilbert, chez qui nous devons passer la nuit et qui a reconnu notre tandem. Gilbert et Régine, nous ne les connaissons pas encore mais on les a contactés sur le réseau warmshower et ils ont accepté de nous héberger pour la nuit. Alors on fait avec lui la quinzaine de km qui nous sépare de chez lui et surtout l’interminable côte finale. Sa maison est perchée tout en haut du coteau, juste à côté du château d’eau mais l’accueil y est si chaleureux qu’il vaut largement les durs coups de pédale pour y accéder. J’avais expliqué à Alma qu’après la nuit chez Gilberte et Dédé, nous irions chez Gilbert et Régine. Elle me demande donc si c’est ce soir, régime ! Mais chez Régine, ce n’est pas régime ! En plus de la chambre et du feu de bois, on nous offre un bon repas avec les oeufs du voisin, les fruits des vergers avoisinants, le miel des ruches du jardin. Gilbert nous parle de ses marches solitaires, Régine s’occupe des filles comme si c’était les siennes et on se sent bien vite comme chez nous… C’est pour ce genre de belles rencontres que le voyage à vélo nous plait tant… 

Et puis c’est le vrai départ. Le départ avec les filles et toutes les sacoches. Nos hôtes sont impressionnés par notre chargement et à vrai dire, on l’est un peu aussi… Et dire qu’il va falloir faire avancer tout ça à la force de nos mollets… On range les filles dans leurs vêtements de laine puis leur doudoune en duvet puis leur charrette et c’est parti jusqu’en bas du coteau puis le long de l’Adour. A Peyrehorade, il fait beaucoup trop froid pour pique-niquer dehors mais un salon de thé nous accepte avec notre repas. En sortant Léna de la charrette, on la trouve trempée de pipi alors que jamais les couches ne débordent d’habitude… On pense au froid et à la position qui aurait pu le provoquer et on se rend compte qu’elle a bu le demi-litre d’eau de la gourde qu’elles ont dans la charrette ! Elle sera désormais rangée ailleurs… (la gourde, pas Léna!)

La V81 que l’on suit jusqu’à la mer fait quelques détours par les villages mais la journée est déjà longue alors on attrape la petite départementale qui longe l’Adour et on ne la quitte plus jusqu’à Bayonne. On arrive chez mes grands-parents au moment où le soleil se couche et où le froid tombe avec presque 70 km dans les pattes, fatigués certes, mais contents de voir qu’on peut faire une telle étape sans entraînement, nous physiquement avec nos si lourds vélos et les filles sans broncher dans la charrette malgré le froid. Une chambre nous y attend, une douche, un bon repas… encore du grand luxe ! 

Samedi, après avoir profité de la matinée avec mes grands-parents, on attaque la Vélodyssée. Les débuts sont un peu houleux et on pédale péniblement à 10km/h de moyenne. L’itinéraire monte et descend des trottoirs, change de côté de la route, fleurit de racines qui défoncent le bitume, fait des tours et des détours pas toujours bien indiqués, s’arrête soudainement alors qu’on est à contre-sens des voitures et le weekend ensoleillé est propice aux nombreux promeneurs apparemment sourds aux ding dong de nos sonnettes. A 16h, nous sortons tout juste d’Hossegor, nous avons encore 30km à faire pour arriver là où nous avions prévu de passer la nuit, des courses à faire avant le weekend et du vent de face. On réajuste donc nos plans et on pédale encore plus fort pour arriver jusqu’à Vieux-Boucau avant la fermeture de SuperU. Aux bénévoles qui s’occupent de la collecte des Restos du cœur, on demande des tuyaux pour poser notre tente dans le coin. On nous présente la punkette à chien du village qui nous propose de venir là où elle a son camion, à côté du cimetière, au milieu du village. On n’est pas super emballé par l’idée du parking de cimetière alors je prospecte un peu pendant que Miha reste au chaud avec les filles dans le supermarché et on atterrit sur un tapis de mousse, dans un grand champs qui longe la Vélodyssée. Pour un premier bivouac choisi à la hâte, on n’est pas mal du tout ! 

Les filles sont toutes excitées, ce qui leur permet d’oublier un peu qu’il fait froid et on se blottit tous bien habillés au fond de nos duvets dès le repas avalé. Au matin, le thermomètre indique que la température est descendue à -3° dehors et 2° dans la tente, d’ailleurs, la condensation de la tente a gelé et on rechigne un peu à sortir des duvets mais on a quand même tous plus ou moins bien dormi. Par chance, il y a même un rayon de soleil alors on emballe les filles dans leurs combinaisons intégrales et on déjeune au soleil en attendant de pouvoir plier la tente.

Le ciel reste bleu toute la journée mais un petit vent de face nous impose de pousser encore plus fort sur les pédales et on n’a fait qu’une quinzaine de km à l’heure du pique-nique. Pour arriver plus vite à l’endroit où nous allons passer la nuit, on quitte la Vélodyssée et on emprunte des interminables départementales bordées de pins et parfaitement rectilignes… et ça nous semble trèèès long… Alma, à l’avant du Pino, trouve que tous ces arbres, c’est « pas très joyeux » ! On arrive enfin à proximité de l’aérodrome de Mimizan où j’ai trouvé une caravane à louer pour passer la nuit au chaud. Au milieu des pins et à côté des pistes, un champ improbable, parsemé de pins et de caravanes. Jean-François et Marie nous ont préparé la plus grande et la plus belle avec de quoi cuisiner, s’éclairer, bien dormir et, comble du luxe, se chauffer ! Alma, frigorifiée, se précipite contre le radiateur et y passe une bonne partie de la soirée ! Pour aller aux toilettes sèches, il faut braver le froid mais elles valent le détour. Pas de porte mais vue sur les pins et déco haute en couleur avec canevas du meilleur mauvais gout, jumelles, bilboquet, coquillages et plaque de cimetière au dessus du trou : « nous ne t’oublierons jamais » !! Pour la douche, il faut aussi oser se déshabiller dans le froid mais se doucher en regardant l’immensité de la forêt landaise vaut largement l’effort !

Lundi, c’est notre premier jour de pause. Ca tombe plutôt bien parce que j’ai un genou qui commence à flancher et qui aurait besoin d’un peu de repos. La même douleur que celle que j’avais eue il y a 10 ans quelques jours après mon départ et qui m’avait suivie plusieurs mois…

Mon père nous retrouve dans notre improbable caravane et nous passons la journée au bord du lac d’Aureilhan et sur la plage déserte de Mimizan. Une belle journée fraîche mais agréable à savourer le privilège d’être si seuls en des lieux si touristiques… 

Demain, il parait qu’il fera moins froid. Mais qu’il pleuvra… Il nous faudra donc pédaler entre les gouttes !

2 Comments

  • Pierre

    Pas de photo de la punkette à chien ?!!

    Trop cool votre bike-life, on s’y croirait, continue à écrire (et à pédaler) !
    Bises